Scénario de vie
Dans la pratique quotidienne des coachs, plusieurs formes de demandes peuvent exister : des demandes portant sur la prise de poste, sur des difficultés relationnelles, des difficultés managériales, des projets à mener à bien, des problèmes éthiques, des difficultés à prendre des décisions… et les concepts d’AT que nous avons vus jusqu’à présent permettent d’en faire l’analyse et de trouver des options de réponse. Il est aussi des demandes plus larges portant sur des reconversions professionnelles, des choix de vie, l’envie d’allier vie professionnelle avec la vie privée, l’intégration d’évènements importants dans un environnement familial (par exemple une proposition de poste alléchante pour les Emirats ou le Japon). Dans ces cas, le concept de scénario de vie permet de comprendre les hésitations, les difficultés de la personne face à ces changements majeurs.
Le scénario de vie est définit par Eric Berne comme « un plan de vie inconscient élaboré dans l’enfance, renforcé par les parents, justifié par les événements ultérieurs et culminant dans un choix privilégié[1] ». Chacun construit au début de sa vie un scénario, un plan de vie qu’il va adapter, modifier ou appliquer dans sa globalité selon les circonstances de sa vie.
Maryse est actuellement au chômage, elle a été en 10 ans, successivement responsable d’une parfumerie au sein d’une grande chaîne, puis d’un magasin de jouets, à nouveau d’une parfumerie… Tous les trois ans, elle claque la porte de l’enseigne pour laquelle elle travaille, car elle « ne peut plus travailler dans ces conditions, avec des gens qui ne me laissent pas d’autonomie ». Elle prend quelques mois de vacances puis recherche activement du travail. Son aisance, la capacité qu’elle a à présenter son parcours professionnel, ses réelles compétences d’animation d’équipe l’amènent à retrouver du travail assez rapidement. Maryse en a assez de reproduire toujours les mêmes schémas de fonctionnement, elle souhaite s’établir, se poser.
Avec les mots de l’AT on dira que Maryse est dans son scénario de vie, ce mode de fonctionnement répétitif la prive d’autonomie.
La connaissance profonde du scénario, des décisions prises par l’enfant concernant sa vie, des limitations liées aux croyances de scénario relève de la psychothérapie. Néanmoins, il est utile pour un coach de connaître l’existence du scénario et de savoir en repérer certaines manifestations. Le concept de scénario nous fournit le moyen de comprendre ce qui amène les personnes à maintenir des comportements douloureux, des comportements répétitifs, ce qui les amène à jouer des jeux psychologiques, à maintenir des symbioses entravant leur autonomie. Le point clé étant d’éviter toute intervention qui pourrait renforcer le client dans son scénario.
Prenons quelques exemples :
- Eviter de conforter un ‘rire du pendu’ : lorsqu’un client rit de situations dangereuses dans lesquelles il se met : « J’ai claqué la porte au nez de mon patron ha, ha, ha… ».
- Eviter de conforter une position « je ne suis pas Ok » et les croyances qui vont avec, comme lorsqu’un client nous dit « Oh, je suis nul », « Je ne suis vraiment pas doué pour … »,
- Eviter de renforcer un message contraignant ou une injonction, comme lorsqu’un client nous dit « Vous savez, à mon âge, ce n’est pas la peine de vouloir apprendre encore … »
- Eviter de répondre à des recherches de relation dévalorisantes. Quand un client nous dit « oh vous savez, je n’ai fait aucun des exercices que nous avions convenus la dernière fois», avec un petit sourire, il peut chercher : à être excusé ou à être blâmé. En n’ayant pas tenu ses engagements et en le soumettant au coach, il est possible qu’il cherche à créer une relation qui reproduise d’anciens modes de fonctionnement. Si le coach n’en a pas conscience, il risque de conforter le scénario de la personne.
[1] Berne, E. – Que dites vous après avoir dit bonjour, Tchou, 1999