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Réussir une co-animation

De plus en plus, dans les activités de conseil, de formation, de facilitation la co-animation avec un collègue, voir avec notre manager prend une grande place.

Sous réserve d’une bonne préparation et d’un ajustement au fur et à mesure de la pratique, la co-animation a de nombreux avantages. Elle permet par exemple à chacun des intervenants d’être plus en sécurité, de montrer des modalités d’animation différentes, de proposer des points de vue complémentaires aux participants, d’enrichir les échanges à partir d’une vision d’un expert de la thématique et d’une vision d’un facilitateur. Elle permet aussi d’acquérir de l’expérience auprès d’un pair plus avancé dans le métier.

Lorsqu’on apprend à le faire, donner des feed-backs à son co-animateur pendant les moments de pause, de travail en sous-groupe, permet d’obtenir rapidement une rétroaction de son animation et favorise ainsi le développement professionnel. Le fait d’être deux face à un groupe permet aussi de mieux observer le processus de fonctionnement du groupe (les personnes qui montrent un malaise, une tension, une adhésion aux propositions, celles qui ne veulent pas s’exprimer, le non verbal lorsqu’un autre membre s’exprime. Chacun des intervenants sera sensible ou non à certains types de comportements, de personnalité et la complémentarité permettra alors de donner plus d’attention et de bienveillance envers les membres du groupe.

Mais la co-animation présente des risques de jeux de pouvoirs, de désaccords entre les animateurs, de compétition et de jeux de séduction avec les participants. Les avantages ou désavantages vont ainsi de pair avec les conditions  d’organisation que l’on se donne pour faciliter l’exercice de la co-animation.

Créer la collaboration avant le démarrage de l’intervention

La co-animation doit avoir pour objectif de faciliter le processus du groupe et d’enrichir ses pratiques. Une question devient alors centrale :

« Est-ce que cette co-animation facilitera le processus de groupe ou, au contraire, est-ce qu’elle le gênera ? ».

Si la décision de co-animer est prise, la question du choix de la personne avec qui l’on va réaliser l’action se pose, il est intéressant de choisir quelqu’un de différent, voire de plus expérimenté pour aller plus loin dans notre pratique.

Dans tous les cas de co-animation, ce qui est central est l’ajustement des représentations et la création de la collaboration entre les deux personnes qui se sont mutuellement choisies. Il est ainsi important de partager les raisons qui nous poussent à choisir de co-animer, et de collaborer avec l’autre animateur et de partager nos craintes. Une petite liste de questions permet de se préparer ensemble :

  • ce que j’aime chez toi,
  • les compétences que je te connais,
  • ce qui m’a amené à te proposer cette co-animation,
  • ce que je sais de moi qui pourrait te gêner,
  • ce que je sais de toi qui pourrait me gêner…
  • quels sont mes enjeux, quels sont tes enjeux ?
  • quels sont mes comportements sous stress, les tiens ?
  • comment faire pour retrouver de la stabilité dans ce cas ?
 

Des règles de fonctionnement

Il est aussi important de se fixer quelques règles de fonctionnement :

  • s’interdire les discrédits de l’autre intervenant ;
  • s’interdire de se couper la parole, sauf en cas de conflit avec le groupe ;
  • décider comment partager un stagiaire, un participant s’adresse à nous dans une pose ?
  • définir qui est leader sur chaque séquence et pourquoi.

Et nécessaire de prévoir les modalités de régulation, de traitement des difficultés : prévoir les temps de régulation, de traitement des difficultés, d’échange de signe de reconnaissance. Echanger sur ce qui se passera en dehors du groupe (a quel moment on se retrouve, est-ce qu’on peut manger à une autre table que le groupe, qu’est-ce qu’on fait pendant les pauses, quels signes on se fait pour se parler, ou pas)… Décider du tiers acceptable par les deux animateurs en cas de besoin de régulation ou de supervision.

Bien sûr, pendant la co-animation, il est important de se sourire, de se regarder, de se parler, de se donner des signes de reconnaissance publics. Et aussi, de prendre le temps de souffler ensemble, d’apprécier les résultats.

Avec ces quelques éléments de préparation, la co-animation nous ouvre les portes d’une forme de coopération féconde.

D’une manière plus large, ces quelques éléments sont aussi ceux qui peuvent être partagés dans une équipe qui souhaite développer de la coopération au sein de ses membres.

Daniel Chernet – v1 2007 – v2 2017

Coach, facilitateur

Superviseur et formateur de coachs et de facilitateurs

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