Étapes d’un processus d’accompagnement de la peur en coaching
- Accepter et normaliser la peur
- Identifier l’objet de la peur
- Évaluer le degré de risque ou les enjeux
- Identifier le besoin à satisfaire
- Identifier les protections et permissions utiles pour retrouver la puissance
- Permettre à la personne de se réassurer
- Partager avec la personne (sur le processus, sur le contenu)
Bien évidemment ces étapes ne sont que formelles, chaque séance d’accompagnement est différente, l’essentiel est que la personne puisse retrouver l’énergie qui est habituellement la sienne et sortir du blocage ou du risque de passage à l’acte lié à la peur.
1- Accepter et normaliser la peur.
Certaines personnes ont tendance à repousser les émotions qu’elles ressentent et à en éviter l’expression. Face à la peur, cela renforce l’anxiété, car ce comportement ne permet pas de prendre conscience de la source de la peur et ne permet pas d’apporter une résolution à la situation génératrice de peur.
Le rôle du coach est de permettre l’expression dans la séance de l’émotion, dans une zone permettant le travail, avec des mots, puis de lui donner du sens et de rechercher des options. La première étape est l’acceptation de l’émotion, sans jugement et en vérifiant que son non-verbal est bien acceptant. Une attitude de tranquillité est indispensable.
Au-delà d’une acceptation non verbale indispensable, le coaching est un lieu de production de sens et de parole, ainsi, normaliser consiste à dire que dans cette situation, il est possible et naturel d’avoir peur, que d’autres clients dans les mêmes circonstances ont éprouvé eux aussi une inquiétude, une appréhension.
La normalisation permet généralement au client de diminuer l’impact de sa peur, par le fait qu’il se sente entendu et reconnu. Dans la plupart des cas, il est intéressant d’utiliser des mots plus « doux » que peur, comme inquiétude, crainte, appréhension pour éviter la stimulation de croyances concernant la peur et le rejet de l’accompagnement.
Lorsque la peur conduit à la panique, la fermeté, les consignes directes sont nécessaires : « assied-toi », « respirez doucement », « regardez-moi », à faire preuve de calme, jusqu’à ce que la personne puisse à nouveau accéder à une pensée claire.
2- Identifier l’objet de la peur
Pour gérer les inquiétudes, il est nécessaire de connaître ce que les personnes craignent. Lorsqu’un client nous parle de ce qui lui fait peur, le plus souvent il ne décrit pas sa peur, mais le contexte de la situation qui générera la peur : « j’ai peur d’avoir un entretien avec mon boss », « j’ai peur de cette promotion ». Lorsqu’il fait cela, nous pouvons comprendre qu’il imagine ce qui va se passer. Mais son imaginaire (le danger tel qu’elle le voit) n’est pas encore arrivé jusqu’à sa conscience. Nous avons donc à l‘accompagner pour faire le chemin du contexte vers le risque réel.
Si un manager a peur d’aller passer un assessment (c’est le contexte), il sait qu’il l’appréhende même s’il ne sait pas encore pourquoi (le danger, ce qu’il craint réellement). Une première étape consiste à l’aider à identifier dans le contexte global de l’assessment, le contexte spécifique de son inquiétude. Puis à chercher avec lui le danger final, important lié à la situation.
- A-t-il peur d’être stressé et de perdre ses moyens, de paniquer ?
- A-t-il peur d’être agressif, en colère, inadéquat ?
- Est-ce l’enjeu de l’assessment qui s’avère crucial ? Les perspectives de carrière ?
- Le risque de déplaire ?
- La peur d’être mis en compétition ?
- Le manque de compréhension de la finalité ?
- Le manque de compréhension du processus ? des méthodes de rendu des résultats ?
- Le risque de dévoilement de son incompétence, de ses défauts ?
- Le fait que l’assessment se passe en anglais ?
- La peur de décevoir son époux(se) s’il n’évolue pas dans sa carrière ?
- La peur de l’influence de son propre manager sur le processus ?
- La peur des personnes qui vont l’évaluer ?
- Est-ce parce qu’il croit qu’il n’est pas prêt ? Peur de ne pas savoir ? De ne pas être à la hauteur ?
La conversation portera donc sur la recherche de l’objet de la peur. Comme pour les trains, les peurs qui viennent en premier cachent des peurs quelquefois plus fondamentales :
- peur de me tromper, peut cacher la peur de la réaction de la personne face à moi,
- peur de faire une demande est peut-être la peur d’obtenir une réponse négative,
- peur de prendre la parole en public se propose à la place de la peur d’être ridicule, de rougir, de ne pas savoir,
- peur du conflit ou peur de la violence, d’être déstabilisé, de ne pas savoir quoi dire, d’être emporté par la colère ?
- peur du coaching : du déballage, du risque que des infos sortent, de la manière dont cela va être perçu par l’environnement, du qu’en dira-t-on, peur de montrer des émotions, peur de ne pas être acceptable.
L’objectif du coach est d’aider son client à comprendre la situation qui génère l’émotion mal vécue. Cette stratégie permet au coaché d’évaluer le bien-fondé de ce qui motive son émotion et de choisir la réponse adéquate. Notre client peut ainsi s’apercevoir que ce qu’il décrit correspond à une situation ancienne et n’est pas en lien avec la situation présente. Une bonne analyse de la situation est ainsi le gage d’une bonne séance d’accompagnement.
Une technique possible est de demander : et que se passera-t-il ? Et ensuite, si cela se produit que se passera-t-il ? Et après encore, si cette chose se passe ? Quel serait le pire qui puisse se passer ? Mais il faudra savoir s’arrêter avant d’arriver sur le plan des histoires personnelles anciennes.
Dans cet entretien avec son coach, Valérie identifie de nombreuses sources de peurs (croyances limitantes, par exemple « le directeur donnera toujours raison à un autre directeur », « il risque de me virer », « il va m ‘engueuler », « ce qui s’est produit est gravissime »), ce qui ressort principalement c’est qu’elle a peur de s’effondrer lorsque le directeur lui demandera ce qu’elle a mal réalisé et les impacts de cette erreur sur le service.
3- Evaluer le degré de risque ou les enjeux
Lorsque l’objet de la peur est identifié, le niveau de risque est rapidement connu. Si le danger est fantasmé, la peur s’escamote. Si les enjeux de la situation sont réels, un accompagnement spécifique sur les enjeux sera utile. Ne pas minimiser la peur, mais aider la personne à évaluer le risque réel pour elle en s’appliquant par des questions à bien comprendre son cadre de référence.5
A ce stade, il est possible que notre client puisse réévaluer la situation d’origine, mettre la peur à sa juste place, retrouver l’envie de faire. Si ce n’est pas le cas, l’étape suivante sera d’identifier le besoin de protection.
Valérie se rend compte qu’elle n’a pas de réel risque de s’effondrer, mais que si elle ne prépare pas son entretien, elle sera sous stress et risque de ne pas être attentive à a-la relation à son manager. Le coaching va alors porter sur la préparation de l’entretien, l’acceptation d’une critique, les méthodes possibles pour améliorer la situation.
4-Identifier le besoin à satisfaire
Plusieurs besoins sont présents derrière l’émotion de peur, les principaux sont : le besoin de maitrise de la situation, le besoin de contrôle sur son environnement, le besoin de sécurité (par exemple dans la relation), le besoin de protection face au danger réel ou imaginaire, le besoin de confiance dans la relation, le besoin de réassurance dans ma valeur ou mes compétences…
Identifier le besoin à satisfaire conduit à la mise en évidence des actions à mener pour résoudre la situation ayant généré la peur.
Valérie identifie qu’elle a besoin d’évaluer avec son responsable la gravité pour lui de cet incident, de vérifier qu’il a toujours confiance en elle, qu’il l’aide à définir un plan d’action pour le directeur régional. Elle termine la séance de coaching rassurée et avec son plan d’action.
5- Identifier les protections nécessaires (ce qui protège du danger).
Il s’agit dans cette étape de répondre à quelques questions pour identifier les protections adaptées : la protection c’est ce qu’il est nécessaire de faire pour éviter une prise de risque inutile.
- Quelle influence je peux avoir sur la situation ici et maintenant ?
- Comment est-ce que je peux agir avec ce qui est à portée de main ?
- Comment je peux agir avec d’autres (demander de l’aide, partager mon inquiétude) ?
- quelles protections me sont nécessaires pour éviter que le danger ne se produise ? Pour avoir de l’influence sur la situation ?
- Quelles sont les mesures d’autoprotection qui sont possibles (par exemple je gère ma difficulté dans la relation au leader, sans devenir le porte parole du groupe) ?
Le coach pourra identifier avec la personne si elle a des compétences qu’elle ignore, des ressources qu’elle ne voit pas, si elle sait quelle est la compétence qu’elle peut acquérir, le contrat qu’elle peut passer, la demande qu’elle peut faire, les protections dont elle a besoin. Il sera sage d’identifier avec la personne si elle accepte de se faire aider ou si elle a la croyance qu’elle doit se débrouiller seule, puis d’identifier auprès de qui elle peut formuler une demande d’aide.
6- Permettre à la personne de se ré-assurer
Là encore cette phase ne sera nécessaire que si la personne accompagnée met du temps à retrouver par elle-même son énergie et son élan. Le coach pourra accompagner son client à :
- Identifier ses expériences réussies,
- Identifier ses ressources dans des situations analogues,
- Décrire ses qualités efficaces dans cette situation ou une situation analogue.
Toutes actions qui contribueront à le ré-assurer, à lui permettre de retrouver de la confiance dans les prochaines étapes de son projet, de sa vie.
7- Partager avec la personne sur le processus et le contenu
Partager sur le processus, c’est identifier avec la personne accompagnée, ce qui lui a été utile, les questions ou interventions qui lui ont permis de faire bouger son état interne. Si le client le souhaite, et en restant dans la partie du cadre de référence la plus accessible, le coach pourra l’aider à formuler ses croyances, ses opinons concernant l’émotion concernée. Le coach pourra aussi, avec délicatesse partager sa propre expérience de l’émotion (ce que l’on nomme la validation).
Quelques croyances aidantes à partager dans une conversation :
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Avoir peur, ce n’est pas manquer de courage.
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Avoir du courage c’est mesurer le risque avec justesse.
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Vivre c’est faire face à des difficultés, des dangers, la peur est un panneau indicateur.
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La peur est très utile pour mettre en place des protections.
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L’absence de peur risquerait de rendre la personne vulnérable face aux dangers réels de l’existence.