Bases éthiques de l’analyse transactionnelle

L’analyse transactionnelle propose une « philosophie humaniste » sur la base de 3 concepts : l’autonomie, les positions de vie, le contrat. La relation de coaching et son efficacité reposent principalement sur la qualité d’être du coach et sur sa capacité à créer une relation permettant au client de s’extraire des jugements habituels internes ou reçus de son environnement pour aborder le changement dans une dynamique positive. La philosophie de l’analyse transactionnelle et le concept de positions de vie vont permettre au coach de trouver des points d’appuis éthiques pour réfléchir à sa pratique. Le concept d’autonomie lui permettra de se projeter avec son client dans le futur attendu, d’identifier les manques actuels et les étapes à franchir au cours du coaching. Le contrat conduira à définir avec clarté les objectifs du coach et les méthodes d’intervention.

Le positionnement du coach

Julien est un coach qui a déjà réalisé plusieurs missions réussies. Dans une mission de coaching pour une entreprise pharmaceutique, il a le sentiment d’avoir été instrumentalisé par le donneur d’ordre, avec une intention cachée de montrer que ‘décidemment le coaché n’est pas à la hauteur’ ou que ‘décidément le coaching ne permet pas de débloquer les situations’. Le N+1 insiste régulièrement pour obtenir des informations sur ce qui se passe en coaching, il distille au coach des informations de première main sur les erreurs commises par le coaché. En supervision, Julien pointe sa difficulté à accepter que ce coaching ne soit pas valorisé par la hiérarchie de son coaché, malgré ses évidentes avancées. Il se sent remis en cause dans sa pratique et a des doutes sur sa légitimité. Dans ce cas la réflexion du coach (menée avec son superviseur) pourra porter sur sa propre valeur inconditionnelle et sur l’acceptation de ses propres limites.
Comment comprendre cette situation ? Julien, comme régulièrement certains de nos clients, n’a pas une confiance suffisante en lui-même pour juger positivement son action et sa valeur. Dans ce cas, il n’a plus une conscience satisfaisante de son humanité. La « philosophie » de l’AT décrit un certain nombre de croyances permettant de créer des relations positives avec nos clients :
  • chaque personne humaine a une valeur positive inconditionnelle,
  • chaque personne est capable de penser par elle même, de définir ses propres objectifs, de savoir ce qui est utile ou non pour elle,
  • chaque personne a décidé au cours de sa vie de ses comportements, en relation avec son environnement et peut donc « re-décider » d’agir autrement si ces comportements ne lui conviennent plus.
L’adhésion du coach à ces trois croyances fondamentales va le conduire à réfléchir à l’éthique de sa pratique et à préciser un certain nombre de limites à ses interventions, limites protectrices pour le client. Quelques illustrations. Chaque personne a une valeur positive inconditionnelle. Il s’agit pour le coach de ne pas faire de discrimination, de s’abstenir de tout jugement sur une personne du fait de son statut, de son appartenance, de son physique, de son organisation psychologique. En se positionnant à partir de ce principe, le coach va chercher les ressources de son client, il va identifier ses problèmes non comme des éléments qui vont le constituer et le marquer à jamais, mais comme des difficultés à dépasser, signe de blocages dans la croissance ou de croyances limitantes. Il cherchera à comprendre le client avant de le juger ou identifiera ses jugements et cherchera à comprendre le cadre de référence (la vision du monde) de son client, surtout s’il est éloigné du sien. Toujours pour répondre à ce principe, le coach va mettre en œuvre une attitude de protection de son client : il fixera un cadre de fonctionnement contractuel, adaptable, limité dans le temps, négocié. Il prendra soin de la relation, s’abstiendra d’abus financiers ou d’autres formes d’exploitation, il sera vigilant sur le respect de la confidentialité. Chaque personne est capable de penser par elle-même, de définir ses propres objectifs. Pour répondre à ce principe, le coach ne développe pas de projets pour la personne, il est au service des objectifs du client, qu’il aide à clarifier. Lorsque les objectifs sont clairs, le contrat les précise et définit les modalités d’intervention, portant effet de l’engagement du coach à accompagner le client dans sa propre voie. Il sollicitera le feed-back du client pour mettre en place une relation à parité, développera une attitude d’écoute et de permission pour permettre au client de prendre conscience de son potentiel, de ses ressources, de ses réussites. Le coach sera transparent sur son cadre de référence, sa pratique, ses sources d’inspiration, il les expliquera à la demande du coaché ou du donneur d’ordre. Chaque personne est capable de redécider de vivre sa vie différemment. Le coach en référence à ce principe aidera son client dans une vision positive de l’avenir, dans une vision du changement possible. Pour lui-même il mènera une réflexion sur son implication dans la relation, analysera ses réussites et les difficultés rencontrées, et choisira un accompagnement thérapeutique pour résoudre ses propres difficultés identifiées ou apparues au cours des coachings. Ces trois principes centraux permettent de réfléchir aux questions d’éthique ou de déontologie qui se posent au coach.