Note de l’auteur du 27 janvier 2021
Carlo Moïso est un psychiatre italien, psychothérapeute, didacticien et superviseur en analyse transactionnelle. Il a participé à l’introduction de l’AT en Italie en 1975, puis a dirigé ou été le référent scientifique d’instituts de formation de psychothérapeutes. Prix Eric Berne pour son travail sur les transactions de transfert (1987), il a tout au long de sa carrière cherché à enrichir la théorie, dans une approche psychodynamique, qu’il nommait « analyse transactionnelle néo bernienne ». Proche des idées d’Eric Berne, il promouvait auprès de ses élèves une volonté de maintenir un haut degré d’exigence sur la connaissance de la théorie. Il est né en 1945 et décédé en 2008 à Rome. Carlo Moïso a enseigné en France, ce qui m’a permis de travailler avec lui de 2000 à 2008, sous la forme de séminaires didactiques et de séminaires d’été à vocation plus thérapeutique.
Carlo a développé de nombreuses idées passionnantes, il a néanmoins peu écrit. Le modèle des identités est ainsi présentée dans une seule de ses publications, une conférence donnée en Italie, traduite et publiée aux Editions d’Analyse Transactionnelle à Lyon : « Besoins d’hier et d’aujourd’hui ». Pendant toutes les années de formation, j’ai pu constater combien ce modèle était puissant pour faire des hypothèses, chercher à comprendre, comme Carlo Moïso le disait souvent : « pourquoi un être plein de promesses se coupe les ailes et ne parvient pas à réaliser son potentiel, ou le fait médiocrement, bien en deçà de ce qui serait objectivement possible ».
Cette série d’articles a été écrite en 2014, ils sont ici regroupés en un seul écrit, sans modifications de ce que j’avais écrit à l’époque. Je n’utilise plus aujourd’hui ce modèle pour plusieurs raisons. Développé dans les années 80, il porte l’emphase sur la responsabilité des parents dans les difficultés que l’enfant vivra par la suite dans sa recherche d’autonomie. Il ne porte pas l’accent sur les traumas divers que peut vivre un enfant, en dehors de sa famille ou renforcés par sa famille. Il ne porte pas non plus l’accent sur la part génétique, épigénétique, de contexte de vie, d’environnement dont on sait aujourd’hui l’importance. Enfin, il porte une croyance qu’existe en chacun un enfant naturel, prince, page blanche sans ombre. Je crains quant à moi, que nous n’arrivions au monde avec nos propres casseroles héréditaires et épigénétiques et qu’une part de chacun, dans sa volonté de plaisir n’est pas nécessairement positive en soi et ne relève pas d’un dysfonctionnement du système éducatif.
Si aujourd’hui, les neurosciences et les pratiques thérapeutiques narratives, systémiques ou autres nous apportent des visions nouvelles et très différentes des difficultés humaines, si le coaching se différencie de plus en plus des modèles psychologiques proposés à l’origine ; le modèle des identités de Carlo Moïso reste intéressant pour se faire une représentation de l‘évolution des personnes et des techniques d’accompagnement pour permettre à chacun de vivre une vie plus épanouie. En ce qui me concerne, j’ai eu beaucoup d’intérêt à creuser ce modèle à en chercher les subtilités, aujourd’hui il porte de manière trop importante l’idée que notre bien-être ne dépend que de nous et du travail thérapeutique que nous faisons (une vision monadique de la psychologie sur la suite des travaux de Freud, de Berne et d’autres auteurs du siècle dernier), sans visée politique et sociologique, pour que je continue à l’utiliser.
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Mots clés : Carlo Moïso, Modèle des identités, prince, crapaud, masque, okness, jeux psychologiques, Adulte.
Le modèle des identités de Carlo Moïso, se base sur les écrits de Berne concernant l’évolution de la personne de son enfance à sa maturité, dans sa recherche d’intégration et de développement identitaire. Il propose des pistes de compréhension de l’évolution de la personne, de son individuation et de l’acquisition de ses caractéristiques d’indépendance. Il explique comment quelqu’un se présente aux autres, cache ses difficultés, développe un sens de lui dépréciant.
Dans cette longue présentation, nous allons chercher à comprendre le modèle, puis à donner des clés pour son usage en coaching (et quelquefois en thérapie). En coaching ce modèle permet principalement de :
- Mieux se connaître pour utiliser au mieux sa personne / persona (masque lié au rôle) dans le coaching ou l’intervention,
- Identifier rapidement les niveaux d’intervention (thérapie / accompagnement) en fonction des problématiques montrées et connues du client,
- Identifier des éléments des systèmes identitaires scénariques (limitants) de nos clients et les aider à développer leur autonomie, même si ce n’est pas le mot de CM, mais un emprunt à la thérapie narrative, j’aime dire que nous pouvons accompagner nos clients vers leur identité préférée.
- Effectuer des diagnostics et des interventions pertinents sur les problématiques personnelles du client.
- Apprendre à identifier le prince derrière le crapaud ou le masque pour mettre en place un lien d’empathie et une bonne qualité de relation avec notre client.
- Développer des stratégies d’accompagnement lorsque notre client souhaite développer des caractéristiques peu exploitées ou des difficultés à mettre en œuvre ses projets.
Présentation du modèle
Le modèle des identités comporte deux branches symbolisant :
- pour l’une le développement adaptatif de l’enfant (branche de droite : élaboration puis renforcement des processus intrapsychiques et relationnels d’échec – pour une part – et d’adaptation aux attentes des personnes vécues comme des figures d’autorité pour une autre part),
- pour l’autre le développement de la part autonome (branche de gauche : élaboration puis renforcement des processus intrapsychiques et relationnels de réussite et de mise en actes des désirs personnels, de la satisfaction des besoins, de l’individuation, de la capacité à créer des liens et de la croissance).
Le diagramme des identités est une métaphore cartographique des différents états qui coexistent en nous et nous conduisent à vivre ou survivre dans le monde qui nous est proposé. Ce schéma est particulièrement intéressant, car il ne permet pas d’imaginer qu’un jour nous serons complètement libérés de la part scénarique ou adaptative.
Nous sommes selon ce modèle à la fois autonomes pour une part plus ou moins importante de notre vie et à la fois dépendants de créations anciennes, de croyances, de besoins non satisfaits. Le chemin vers l’autonomie est ainsi possible pour tout le monde.